Le gouvernement japonais dépose sa demande de "dissolution" de l'Eglise de l'Unification

Le gouvernement japonais dépose sa demande de dissolution de l'Eglise de l'Unification

Le gouvernement japonais a probablement saisi vendredi la justice pour obtenir la "dissolution" de l'Eglise de l'Unification, surnommée la secte Moon, une mesure visant à révoquer son statut d'organisation religieuse dans le pays, permettant notamment de bénéficier d' exemptions fiscales.

Cette saisine survient à l'issue d'une longue enquête gouvernementale sur ce groupe religieux, objet d'une attention accumulée depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe en juillet 2022.

Le ministre de l'Éducation Masahito Moriyama, également en charge des cultes, a assuré vendredi que ses services prendront "toutes les mesures possibles pour obtenir gain de cause" dans la bataille judiciaire éventuellement longue qui s'annonce avec l'Eglise de l' Unification.

L'organisation a en effet déjà assuré jeudi sur son site internet qu'elle entendait contester la demande du gouvernement, qui repose selon elle sur des "informations biaisées" visant à la "détruire".

Si la dissolution est prononcée par le tribunal de Tokyo, l'Église de l'Unification perdra ses exemptions fiscales mais cela ne l'empêchera pas de poursuivre ses activités religieuses.

Seuls deux groupes religieux au Japon ont déjà fait l'objet d'une mesure de dissolution, dont l'un est la secte Aum Shinrikyo, qui avait perpétré l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995.

Dans l'édition d'une réunion jeudi avec un panel d'experts, le gouvernement japonais avait annoncé son intention d'obtenir cette sanction par voie judiciaire au nom "des graves dommages causés" par l'Eglise de l'Unification.

L'homme inculpé pour le meurtre de Shinzo Abe, Tetsuya Yamagami, en voulant à cette Église, à laquelle sa mère aurait fait des dons très importants. Le suspect pensait aussi que l'ex-Premier ministre était proche du groupe religieux.

Cette Eglise, qui se nomme désormais la "Fédération des familles pour la paix mondiale et l'unification", avait nié tout acte répréhensible et s'est engagée à empêcher les dons "excessifs" de ses membres.

Mais de nombreux anciens fidèles ont évoqué publiquement les pratiques de l'organisation, accusée d'imposer des objectifs de dons. Les révélations sur ses liens avec de nombreuses personnalités politiques de premier plan au Japon ont par ailleurs contribué à faire baisser la cote de popularité du gouvernement de Fumio Kishida, issue du même parti que M. Abe.

L'ancien Premier ministre japonais n'était pas membre de l'Église de l'Unification. Mais il avait notamment participé en 2021 à un colloque organisé par un groupe affilié à la Fédération des familles, comme d'autres personnalités politiques dont l'ex-président américain Donald Trump.

Fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon, cette organisation religieuse s'est fortement développée dans les années 1970 et 1980, y compris au Japon.

M. Moon (1920-2012) avait notamment noué des relations avec le grand-père de Shinzo Abe, Nobusuke Kishi, qui avait lui-même été Premier ministre du Japon à la fin des années 1950.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock/ Sean Pavone

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